L’envol de Valérie RUIZ

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Portrait au gré des mots de Valérie Ruiz

Valérie, c’était de gros seaux noirs dans une cour de collège ; du rubalise à des endroits précis ; une
chaise ; elle sur cette chaise ; la chaise sans elle ; des élèves un peu perdus tout autour ; des élèves bien
contents de rater une heure de cours ; bien contents de l’avoir rencontrée ; qui apprennent à performer avec
elle ; qui découvrent l’existence même de la performance ;
Valérie, c’était des cure-dents pour les jeux ; qu’on tournait d’un quart de tour ; pour compter les plis
annoncés ; pour compter ceux qu’on a remportés ;
Valérie, c’était la promesse de nous apprendre le whist ; une promesse tenue ; celle qui gagnait souvent ;
trop souvent ;
Valérie, c’était un workshop avec des magiciens ; un cadre tendu de film étirable ; un visage écrasé sur
le film ; elle qui filme ce visage ; un village qui se regroupe, le soir, autour des artistes ; un sentiment de
communauté ;

Valérie, c’était des liens tissés ; entre les artistes et le public ; entre l’art qui se fait et ses amis qui le re-
gardent se faire ; qui y participent ; entre les arts ;

Valérie, c’était le partage ; la convivialité ;
Valérie, c’était une drôle de marelle ; des gens qui courent ; à quatre pattes puis à cloche-pieds ; main
droite ; main gauche ; pied droit ; pied gauche ; les deux mains ; main gauche et pied droit ; l’inverse ; ne pas
marcher sur les fleurs, surtout ;
Valérie, c’était des rires ; c’était l’interjection « pétard ! » ;
Valérie, c’était des joueurs et joueuses dans un grenier ; elle qui nous filme ; une amie qui performe
dans une armoire ; des amis qui performent dans la grande-salle ; une table pour partager ;
Valérie, c’était la LSF ; l’inclusivité ; l’intérêt constant pour l’autre ; tous les autres ;
Valérie, c’était un mélange de folie ; d’inventivité ; de savoir-faire ; d’improvisation ;
Valérie, c’était le combat ; le courage ; la résilience ; l’optimisme comme rempart contre l’inhumain ;
contre la mort ;
Valérie, c’était une table ; un banquet ; des plats qui n’en finissaient pas d’arriver ; des déclamations ;
des performances comestibles ;

Valérie, c’était des passages à Montpellier ; une valise ; le canapé-lit du salon ; encore un repas parta-
gé ; un rendez-vous le lendemain avec le FRAC ; avec un établissement scolaire ; avec un conservateur/une conservatrice ;

Valérie, c’était le flamenco ; un espagnol mâtiné d’italien ; une rencontre avec une danseuse et sa fa-
mille ; encore une table ;

Valérie, c’était le sucre ; le travail du sucre ; ce qui fond ; ce qui sera altéré ; ce qui ne restera pas ; la
fascination pour les arts culinaires ; la table, encore ;
Valérie, c’était un langage en soi ; des sauts de pensée ; des grands-écarts, parfois ; des ponts jetés dans
un apparent disparate ; du sens donné à ce qui ne semblait pas en avoir ;
Valérie, c’était Tierra y Libertad ; c’était des combats communs ; c’était des valeurs partagées ; c’était la
détestation de ce qui nous éloigne de l’être humain ;
Valérie était quelqu’un qui nous aimait.
Et que nous aimions.

Vincent RAMOS-FILAIRE

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